Histoire

De la création de La Cave Littéraire à son développement

L’idée de la création d’une association relative à la poésie résulte de la conjonction de deux paramètres : le besoin de rassembler à Villefontaine en Isère, l’une des cinq communes constituant alors, l’entité Ville-Nouvelle de L’Isle-d’Abeau, les amateurs de poésie dans une structure associative, et l’opportunité d’une mise à disposition d’un local communal susceptible d’accueillir du public.

Cette idée s’est inscrite, par ailleurs, d’une part dans le contexte d’une émission radiophonique hebdomadaire d’un quart d’heure, intitulée « Onde poétique » animée par Maryannick Morin sur la radio libre de Villefontaine « Radio Jacasse », – devenue aujourd’hui « Couleurs FM » -, et d’autre part en réaction aux lectures publiques de poésies organisées par la Bibliothèque Municipale de La Part-Dieu à Lyon et par l’association rhodanienne « Poésie-Rencontres » créée par Jacques Imbert en 1979, lectures laissant sur leur faim les auditeurs-spectateurs privés de tout contact humain avec les auteurs invités.

Le point d’éclair de l’idée associative s’est manifesté précisément à l’occasion de la deuxième « Journée de la France en Poésie » en mars 1983, dont la première journée fut inaugurée en 1982 par le ministre de la Culture d’alors, Jack Lang. Initiée bien entendu par « Onde poétique », l’émission, véritable Marathon poétique, accueillit pendant plus de six heures au total et par intermittences, des poètes locaux, comédiens, mais aussi le Maire de la commune, Georges Mauroit, poète parfois, et l’équipe de « Poésie-Rencontres », son président Jacques Imbert, Manuel Van Thienen, Pierre Ceysson et le régional de l’étape Jean-Christophe Moussiegt.

A l’issue de la manifestation, compte tenu du public présent dans les studios de la radio, l’idée d’une association autour de la poésie fut lancée. L’un d’eux avança immédiatement : « une association, oui, mais avec un local indépendant de tout adhérent ». Le Maire évoqua, alors, le transfert de la Mairie, dans un Hôtel de Ville, ouvrant la possibilité d’utiliser la cave de l’ancienne mairie. Les clefs du local furent délivrées à « Onde Poétique » en juin, l’assemblée générale constitutive se tint en décembre de la même année. L’aventure pouvait, officiellement, commencer…

Dans un premier temps les rencontres appelées « rendez-vous poétiques », dans l’attente de la réhabilitation de la cave à charbon en salle de lecture, se déroulaient dans  l’espace dit « 150 » d’une maison de quartier qui décomptait parfois plus de cent auditeurs. C’était pour ses animateurs une bonne récompense de leurs efforts dans le trimbalement, notamment, des matériels nécessaires à une rencontre digne du nom.

Puis la Cave rénovée accueillit le public et les auteurs invités dans un cadre intimiste, certes, mais parfaitement adapté à la lecture poétique. L’association put ainsi réaliser des « rendez-vous poétiques » selon la définition même du syntagme : « rendez-vous entre deux ou plusieurs personnes » exigeant dès lors la possibilité pour le public de converser personnellement et directement avec l’auteur, le plasticien, le musicien, lors de la « troisième mi-temps » de la soirée autour d’un mâchon. Il en est découlé des anecdotes croustillantes qu’on ne peut développer ici, mais interrogé à l’issue d’une deuxième lecture, Bernard Noël venant de Mauregny-en Haye, près d’Amiens, sans aucune rémunération, à la question Bernard, avez-vous été content de la soirée ? répond : Oui, quand est-ce que je reviens ? Il est revenu pour les 35 ans de l’association. Une autre anecdote à laquelle je ne résiste pas, suffira à dire l’intensité des rendez-vous poétiques. Bernard Simeone, invité d’un soir, précisant vouloir quitter la Cave autour de 23 heures, ce qui lui fut bien sûr accordé, remonta l’escalier, fatigué certes, il était 2 heures du matin.

La Cave littéraire devint ainsi au cours des lectures un lieu de plus en plus prisé. Il en est résulté que ce n’était plus l’association qui sollicitait les auteurs, mais ceux-ci qui demandaient « quand est-ce que je passe à la Cave » !